Source Sylvie SCHWAAB, Nicole PIERRE-POULET, André POULET (2014). LES SOLDATS DE SAINT-SAUVIER MORTS A LA GUERRE DE 1914-1918 (1). Le Grimoire des Pays d’Huriel, Cercle d’Histoire Vivante, p.17 – 24.
Comment admettre sans frémir que tant de noms soient inscrits sur les monuments aux morts de nos villages ?
Dans le département de l'Allier, la Grande Guerre est responsable de 15 000 morts -environ 4200 dans l'arrondissement de Montluçon - dont 8200 paysans1 (ils représentent 80% des combattants et sont les plus exposés car pour la plupart ils sont enrôlés dans l'infanterie et subissent les tirs ennemis dans les tranchées).
A Saint-Sauvier, la population est de 1221 habitants en 1911 ; population qui décroit depuis 1886 (1338 habitants) et qui n'en compte plus que 1038 en 1921. 65 soldats de la commune sont morts ou ont disparu durant la guerre de 1914-1918.
1914
Lucien Louis TACQUENET2, né le 5 février 1883 à Paris (XIe), fils d'Henri et d'Emilie Valroff, soldat au 2e Régiment du Génie, décédé de la fièvre typhoïde le 15 août 1914 à Lias (Maroc). Il figure sous le nom de TACONNET sur le monument aux morts.
Lors des guerres, les soldats décèdent souvent des suites de blessures ou de maladies. Les conditions sanitaires étaient déplorables dans les tranchées, ce qui favorisait les dysenteries, le typhus, le choléra.
Le typhus est une infection générée par des bactéries (rickettsies). Cette bactérie sévit à l'état endémique chez les rongeurs qui l'hébergent et est transmise aux humains par des acariens, des puces et des poux de corps, dans des lieux où les conditions d'hygiène sont défaillantes.
Gabriel BOURIN, né le 20 juin 1889 à Saint-Sauvier, fils de Louis et d'Hélène Dutheil, soldat au 5e Régiment d'Infanterie Coloniale3, décédé le 25 août 1914 durant les combats de Ménil et d'Anglemont (Vosges). Il figure sur le monument aux morts de Mesples.
Mesnil et Anglemont, le 25 août 19144 : « Le Colonel Roulet, commandant le Régiment, prend la direction de la défense du front Ménil-Anglemont. L'organisation des deux villages commence immédiatement : des tranchées sont creusées sur tout le front. Bientôt de nombreuses fractions ennemies sortent des bois de Glonville et, occupant Bazien, s'avancent sur Nossoncourt. Notre artillerie les bombarde et n'arrête pas leur marche en avant. Les obusiers ennemis ouvrent sur Mesnil un feu violent. Le village est détruit, incendié. Nos unités prises de front doivent se replier. Notre artillerie subit le feu des obusiers allemands et est rapidement démontée. Un régiment s'est déjà replié sur Mesnil et un bataillon sur la forêt de Sainte Barbe. Le village de Mesnil, criblé d'obus explosifs, devient bientôt intenable et il faut évacuer. Anglemont reste seul occupé par nos forces. L'ennemi concentre le feu terrible de toute son artillerie. Le village détruit est en flammes, les tranchées sont bouleversées, l'infanterie allemande est prête à donner l'assaut. L'infanterie ennemie s'est infiltrée sur tous les fronts. L'attaque méthodique des obusiers à explosifs ennemis détruisent en quelques minutes nos trop faibles tranchées d'infanterie. C'est là une nouvelle tactique se rapprochant de la guerre de siège, qui déconcerte nos hommes. Beaucoup d'entre eux pleurent de rage de se voir décimés et obligés d'abandonner leurs positions sans pouvoir obtenir avec l'ennemi qui se cache un véritable corps à corps pour venger leurs camarades glorieusement tombés. Nos pertes, presque toujours produites par les obusiers allemands, sont encore cruelles ».
Paul AUMEUNIER, né le 20 décembre 1889 à Saint-Sauvier, fils d'Antoine et de Marie Valette, soldat au 5e Régiment d'Infanterie Coloniale5, décédé le 5 septembre 1914 à Larifontaine (Vosges) ; figure également sur le monument aux morts de Saint-Palais.
Les Vosges ont connu des combats violents dès le début de la guerre. le 5e RI Coloniale va s'établir sur le plateau de Larifontaine, position découverte, le 4 septembre 1914 afin de tenir une ligne de défense qui sera bombardée. Le régiment va perdre près de 300 soldats dès le 5 septembre.
Henri AUBERGER, né le 21 avril 1887 à Saint-Sauvier, fils de Jean et de Marguerite Cheminet, soldat au 98e Régiment d'Infanterie, disparu le 6 septembre 1914 au Fossé-Martin (Oise).
Quand les troupes françaises avancent dans la direction de Brégy, Fosse-Martin et la ferme de Nogeon sont sous les tirs des mitrailleuses et des « gros noirs », obus de gros calibres ; les pertes sont importantes6.
Victor ROMAINE, né le 14 août 1893 à SaintSauvier, fils de Gilbert et de Madeleine Jouanet, soldat au 95e Régiment d'Infanterie, décédé le 9 septembre 1914 à St-Pierremont (Ain)7
Quand l'ordre est donné d'attaquer SaintPierremont le 8 septembre, les ler et 3e bataillons attaquent et sont décimés par les mitrailleuses allemandes. L'attaque est alors arrêtée mais le régiment reste en place jusqu'à son départ pour Saint-Mihiel, butte qui va dominer la ligne du Front pendant 4 ans.
Louis DESSISSERT, né le 24 juillet 1889 à Sidiailies (Cher), fils de Joseph et de Françoise Pétrin, soldat au 78e Régiment d'Infanterie, décédé le 17 septembre 1914 à Vitry le François (Marne). Il figure aussi sur le monument aux morts de St-Pierre-le-Bost.
Vitry le François et ses environs ont connu le déferlement des armées allemandes dans les premiers jours de septembre 1914. La population sera évacuée et l'armée française reprendra la ville au cours du mois. La ligne d'affrontement porte encore de nos jours des vestiges des combats.
Sylvain Joseph LARPIN, né le 16 aout 1884 à St-Pierre-le-Bost (Creuse), fils de François et de Marie Laplanche, soldat au 321e Régiment d'Infanterie, décédé le 20 septembre 1914 près de la ferme de Confrécourt, à Berny-Rivière (Aisne).
A l'emplacement de la ferme de Confrécourt se dressait autrefois une ferme d'origine monastique dont la présence est attestée depuis l'époque carolingienne. C'était un édifice fortifié, placé sur les crêtes des plateaux de la rive droite de l'Aisne, lieu de violents combats entre l'armée française et l'armée allemande en septembre 1914, lors de la bataille de la Marne. Confrécourt est situé en retrait derrière la première ligne française, proche de la ligne de feu. Les tranchées sont aménagées et les carrières permettent de s'abriter des bombardements, nombreux à partir du 14 septembre 1914.
Jules Félix BILLAUD né le 4 août 1891 à Viplaix, fils de Gilbert et de Marie Laborde, caporal au 121e Régiment d'Infanterie, décédé le 24 septembre 1914 au Plessis-de-Roye (Oise)
Du 3 août jusqu'à la mi-septembre 1914, la guerre se caractérise par des mouvements divers des armées allemandes et alliées dans tout le nord et le nord-est de la France. Après la bataille de la Marne (5-12 septembre), les armées se font face sur un front qui se fixe ainsi à la mi-septembre 1914 au coeur de la Picardie, dans le canton de Lassigny. L'armée française traverse au sud Plessis-de-Roye, petit village à un kilomètre au sud du bourg de Lassigny. Cette commune a été fortement touchée lors des combats au cours desquels le château a été totalement détruit. La ville fut décorée de la croix de guerre.
Auguste TROUBAT, né le 12 mars 1892 à Saint-Sauvier, fils de Jean et de Marguerite Arfeuille, soldat au 2e Régiment de Zouaves8, disparu le 25 septembre 1914 à Tracy-leMont (Oise) ; figure sur le monument aux morts de Saint-Martinien et sur les plaques de la chapelle de Saint-Rémi.
Après la bataille des frontières9, les troupes allemandes, lancées à la poursuite des armées françaises, font leur entrée dans Tracy-le -Mont, le 31 août 1914. Depuis le 7 septembre, la bataille de l'Ourcq et de la Marne fait rage : le 13 au matin, les troupes allemandes occupent Tracy-le-Mont, qui est aussitôt mis en état de défense et repris par l'armée française. L'avance française se poursuit encore dans la journée du 15, cependant, les Allemands ont eu le temps d'amener des renforts. Malgré la résistance acharnée, où les zouaves disputent aux chasseurs ennemis chaque bout de terrain, les soldats allemands s'emparent du village le 19 septembre. L'avance des troupes allemandes et le recul des armées françaises exposent ainsi directement Tracy-le-Mont à une nouvelle menace d'occupation. Le 25 septembre 1914, l'armée allemande reçoit l'ordre de chasser les Français installés sur cette position de Nervaise à Tracy-le-Mont, sans succès. A compter du ler octobre, les attaques se ralentissent ; soldats allemands et français se font désormais face, sous des duels d'artilleries permanents et des attaques locales qui rectifient la ligne de front, de part et d'autre du saillant de Quennevières. Dès le 13 septembre, le village va remplir le rôle de village de soutien aux troupes françaises. Poilus, zouaves et tirailleurs côtoient l'habitant jusqu'au mois d'août 1915, date à laquelle les civils seront évacués. Livré aux autorités militaires, le village est bombardé sans cesse jusqu'en mars 1917, date du repli allemand sur la ligne Hindenburg.
Pierre LANDRIER, est né le 2 décembre 1884 à Saint-Sauvier, fils de Gilbert et de Françoise Naboudet, soldat de lère classe au 35e Régiment d'Infanterie Coloniale, il est décédé à Hamonville (Meurthe et Moselle) le 28 septembre 1914 et est enterré à la nécropole nationale de Noviant-aux-Prés, tombe N° 1469.
En septembre 1914, la Woëvre fut envahie par le XVe corps d'armée prussien venu de Metz tandis que la 6e armée impériale allemande attaquant par l'est tentait d'atteindre la Moselle. Les premiers combats se déroulèrent autour de Pont-à-Mousson. L'armée française subit d'énormes pertes avant que ne débute la guerre de position. Quand le front fut stabilisé, les affrontements furent permanents et des dizaines de milliers d'hommes moururent -grenades, artillerie lourde, gaz, liquides enflammés- dans les deux camps. Dès le début de la guerre10, débordée par le nombre de tués dans ses rangs, l'armée française décida de les inhumer sur place. Enfouis à la va-vite les soldats des premiers combats seront pour la majorité exhumés dans les années 20, lors du regroupement des tombes dans de grandes Nécropoles Nationales où sont rassemblés les corps issus des fosses communes, des tombes isolées en rase campagne ou de cimetières communaux et des cimetières militaires dits "de guerre" créés durant les 52 mois que durèrent les combats. Un soldat inhumé dans une nécropole est décédé dans un rayon très proche. Dans les tombes collectives reposent des corps qui, bien qu'identifiés ou identifiés partiellement, n'ont pu être dissociés et proviennent bien souvent de fosses communes ou de sépultures du champ de bataille. Dans les ossuaires sont rassemblés les corps sans nom et les noms sans corps. La nécropole nationale de Noviant-aux-Prés, créée en 1920, regroupe 3404 corps. Ce sont ceux des militaires tombés lors des combats du Bois le Prêtre et précédemment inhumés dans les cimetières des environs.
Jean DUTHEIL, né le 10 octobre 1892 à Saint-Sauvier, fils d'Antoine et de Marie Romaine, soldat au 11e Bataillon de Chasseurs, disparu le 30 septembre 1914 à Cappy (Somme)
Les BCP (Bataillon de Chasseurs à Pied) sont composés d'hommes de petite taille, excellents tireurs. Ces bataillons agissent en tirailleurs à l'avant de l'infanterie, à la différence de l'infanterie dite « de ligne », formation plus compacte. Le 11e BCP11 a déjà fait les campagnes d'Alsace, de la Somme ... Le 28 septembre, le bataillon reçoit l'ordre de se diriger vers Cappy où l'armée allemande donne l'assaut. Le bataillon perdra beaucoup de ses soldats. Les convois qui alimentaient les combats dans la Somme transitaient par ce village. Jean Dutheil qui a disparu à Cappy, est peut-être enterré à la Nécropole de Lihons, qui possède également un ossuaire où sont rassemblés les soldats morts dans les combats de la Somme.
François Joseph ALAMY, né le 18 mars 1891 à Saint-Sauvier, fils de Maurice et de Marie Gazuit, soldat au 93e Régiment d'Infanterie, décédé le 9 octobre 1914 à Lérouville (Meuse)
Dès septembre 1914, l'armée française est engagée dans la bataille de la Marne puis dans la bataille de Revigny. Il combat dans la région de Verdun puis dans la Meuse. Le chemin de fer la relie aux Ardennes. Après la prise de Saint-Mihiel en septembre 1914, l'armée allemande prend la ligne de chemin Lérouville-Sedan. Cette commune de la vallée de la Meuse fut bombardée en 1915 et laissée en ruines ; elle a été décorée de la Croix de guerre 1914-1918.
Michel GUERITAT, né le 1er décembre 1891 à Leyrat (Creuse), fils de François et de Marie Ducluzeau, soldat de lère classe au 13e Régiment d'Infanterie, décédé au Bois-Brûlé le 28 octobre 1914, à gauche des redoutes devant Apremont (Meuse).
Apremont est situé près de Saint-Mihiel. La ligne s'élevait de la Meuse au bois d'Ailly à travers un terrain découvert. Le front ennemi allait du Bois d'Ailly jusqu'à Apremont par un tracé sinueux à travers bois. Les troupes françaises avaient découvert en arrivant au Bois-Brûlé un ouvrage en terre défendant l'accès des Hauts-de-Meuse au-dessus du village d'Apremont. Cet abri fut appelé « la redoute » par les troupes qui l'avaient découvert et ce nom lui est resté. Les Allemands l'ont appelé « le fort du Bois-Brûlé ».
Joseph MARTIN, né le 25 juin 1887 à Chambérat, fils de François et Reine Vincent, sergent au 53e Bataillon de Chasseurs Alpins, décédé le 1er novembre 1914 à Lihons (Somme).
Le village fut repris par les Français suite à des combats qui durèrent un mois, faits d'attaques et de contre-attaques quotidiennes. Une nécropole ouverte en 1915, regroupa dès 1919 les cimetières militaires provisoires des environs.
Eugène COLAS, né le 9 août 1880 à Saint-Palais, fils de Gilbert et de Rosalie Perrot, soldat au 321e Régiment d'Infanterie, décédé le 13 novembre 1914 à Fontenoy (Aisne).
Le pont de Fontenoy sur l'Aisne a été mitraillé par l'armée allemande ; c'était le passage obligé pour rejoindre le plateau et partir à l'offensive. Le 321e RI, régiment constitué en 1914, dont la garnison est à Montluçon, a poursuivi l'ennemi sur le plateau de Nouvron.
Paul ROUYAT, né le 31 octobre 1893 à Saint-Sauvier, fils de Léonard et de Marie Bujon, soldat au 26e Régiment d'Infanterie, disparu le 14 novembre 1914 à Bischoote (Belgique).
En 1914, en application du plan Schlieffen, l'Allemagne déclare la guerre à la France et envahit la Belgique pour contourner les armées françaises par le nord, violant ainsi la neutralité belge12. La rupture du traité déclenche l'entrée en guerre du Royaume-Uni. L'état-major allemand croit que la traversée de la Belgique sera rapide et facilitera le succès d'une offensive surprise contre la France. Liège tombe le 7 août sans résistance car la ville n'est pas fortifiée, puis les Allemands sont battus à Haelem. Suite au retard infligé aux Allemands par les Belges, les armées françaises ont pu arrêter l'offensive allemande sur la Marne ; les belligérants vont ensuite se figer dans une guerre de position au lendemain de la Marne et de la victoire alliée de l'Yser, bataille d'arrêt remportée par les francoanglo-belges en octobre. Cette guerre de position dans les tranchées durera quatre ans.
Jean CHOLIN, né le 6 août 1893 à Saint-Sauvier, fils de Jean et de Marie Lamoine, soldat de 2 e classe 95 e Régiment d'Infanterie, décédé le 21 novembre 1914 à Commercy (Meuse).
La place de Verdun est reliée à celle de Toul par une véritable digue : le récif calcaire des Hauts-de-Meuse, coupé de défilés sinueux. Les points faibles en sont défendus par des forts qui furent construits après la guerre de 1870-71. La Woëvre est une plaine, riche d'étangs et de forêts qui en font une région difficilement accessible. L'armée allemande résolut de franchir la Meuse à Saint-Mihiel et Commercy, afin de couper les communications avec Verdun, par Bar-le-Duc et Sainte-Menehould13.
Albert Charles SUREAU, né le 14 juin 1892 à Saint-Sauvier, fils de Baptiste et de Catherine Auberger, soldat au 121e Régiment d'Infanterie, décédé le 6 décembre 1914 à Parvilliers (Somme).
« A la sortie de Rouvroy, le bataillon prend une formation d'attaque et se déploie bientôt sous le feu, face à Parvilliers. Les tranchées au nord du village sont prises à l'ennemi. Toutefois, le bataillon à découvert est contre-attaqué sur les flancs et doit lutter pour assurer la prise du plateau et ce, au prix d'un lourd sacrifice » puis la guerre de tranchées s'installa.
Eugène MICHAUD, né le 1er mars 1892 à Leyrat (Creuse), fils de Mathieu et de Marguerite Michaud, soldat au 13e Régiment d'Infanterie, décédé, suite à ses blessures de guerre, le 12 décembre 1914 à l'Hôpital Militaire de Dieppe (Seine Maritime).
Le 13e régiment s'est battu à Sarrebourg (57) en août puis à Apremont-la-Forêt en décembre 1914. La Première Guerre mondiale inaugure les premiers affrontements de l'âge industriel en utilisant l'artillerie lourde, les lance-flammes et les chars d'assaut. Les canons, les explosifs connaissent des progrès considérables, les projectiles sont hérissés d'aspérités et susceptibles d'arracher n'importe quelle partie du corps humain : 70 % des blessures sont infligées par des obus. La modernisation de l'armement, les nouveaux projectiles et la nouvelle intensité de feu vont provoquer des dégâts corporels jamais vus (cela aura un impact direct sur la médecine).
Soldats et infirmières, hôpital de Dieppe
1915
Eugène LAMONTAGNE, né le 6 janvier 1884 à Saint-Sauvier, fils de feu Louis Joseph et de Marie Ladet, soldat au 3211e Régiment d'Infanterie, décédé le 3 janvier 1915 à Villers-Cotterêts (Aisne).
Le 321e RI est le régiment de réserve du 121e RI qui tenait garnison à Montluçon. Dès le début des hostilités, il est en Alsace ; il prend ensuite une part active à la bataille de la Marne (Puiseux) et poursuit l'ennemi jusqu'au plateau de Nouvron, le forçant à dépasser l'Aisne et brisant le 20 septembre 1914, une très violente attaque allemande (ferme de Confrecourt). Le château d'Alexandre Dumas à Villers Cotterêts fut transformé en hôpital militaire.
Paul DEVEAU, né le 21 juillet 1880 à SaintSauvier, fils de Léonard et de Marie Fauvre, soldat au 16e Régiment d'Infanterie, décédé de la rougeole, le 29 mars 1915 à l'hôpital militaire de Thiers (Puy de Dôme).
Son régiment a assuré des opérations dans l'Oise et dans la région de Canny-sur-Matz où subsistent encore des vestiges de tranchées. Il y eut une épidémie de rougeole dans la Somme au début de l'année 1915 et du fait de la promiscuité, de nombreux soldats la contractèrent et certains en moururent.
Léonard DEVEAU, né le 29 avril 1894 à Saint -Sauvier, fils de Jean et d'Hélène Vaury, soldat au 149e Régiment d'infanterie, décédé le 9 mai 1915 à Aix-Noulette (Pas de Calais).
Les préparatifs de l'offensive française sur Vimy et Notre-Dame de Lorette commencent le 3 mai, avec le déclenchement du bombardement méthodique des lignes allemandes, et dure six jours et six nuits. Le 9 mai, le 33e corps d'armée, commandé par le général Pétain, attaque sur un front large de 6 km. Les assaillants submergent les tranchées allemandes, progressant vers la crête de Vimy, mais les réserves, loin du front, ne peuvent atteindre la ligne de front pour continuer la percée. L'artillerie française est incapable de protéger les unités les plus avancées et les troupes allemandes contre-attaquent. Le coût humain de cette grande offensive, sans résultat stratégique majeur, fut tragique pour l'armée française : 102 000 pertes. Aix-Noulette, proche du front a souffert des combats. Il compte trois cimetières : Bois de Noulette, Communal Cimetery et Tranchée de Meknès.
Jean ARFEUILLES, né le 1er juin 1894 à Saint-Sauvier, fils de Louis et de Marie Vaury, soldat au 11e Régiment d'Infanterie, disparu le 9 mai 1915 à Roclincourt (Pas de Calais).
Dans les Flandres, l'armée allemande tient les hauteurs. L'offensive est menée par Foch le 9 mai dans les environs de Roclincourt. Des travaux sont effectués pour amener les troupes à couvert, des postes de secours sont construits et afin de guider l'artillerie, des carrés de toile blanche sont cousus dans le dos des fantassins, l'armée va se lancer sous un tonnerre d'artillerie14. « Le 11e RI14 reste en réserve dans la vallée de la Meuse derrière les Eparges jusqu'en avril, puis il embarque, traverse tout le nord de la France et le 2 mai, il prend les tranchées du secteur Ecurie-Ronclincourt. Le 9 mai, il doit participer à l'attaque générale de la Xe Armée en direction de Thelus sur la route d'Arras à Lille. L'attaque est pour 10 heures. A 9 heures 47, trois mines Françaises explosent, mais l'une d'elles chargée à 1400 kilos, sautant trop près de la tranchée française, l'endommage, ensevelit les occupants sous les amas de terre et de pierre. Par ailleurs, le 3e bataillon s'élance à l'attaque des tranchées ennemies. Celles-ci sont intactes malgré la préparation d'artillerie et sont toujours protégées par les fils de fer barbelés. Aussi, dès l'apparition des hommes franchissant le parapet, une fusillade d'une violence extrême se déclenche, fauchant les vagues d'assaut ».
Emile MICHEAU, né le 2 février 1885 à Saint -Sauvier, fils de Jean et de Marguerite Boutillon, sergent au 68e Bataillon de Chasseurs, décédé le 15 juin 1915 à Schnepfenriedkopf (Metzeral, Alsace).
Le 9 juin, la population de Metzeral (Vosges) est évacuée et l'assaut est donné le 15 juin. Montagnards de Savoie, Dauphiné, Massif central et Provence attaquent. L'assaut sur Metzeral sera donné les 20 et 21 juin, les combats se déroulent dans le village ; on se bat au corps à corps, à coup de crosses, de baïonnettes pour reprendre des rues, le cimetière, la gare... Le 24, la bataille de Metzeral est officiellement remportée par les troupes françaises mais le village esten ruines. Un mois après, une autre bataille commence, celle du Linge (juillet 1915) qui fera de nombreux morts parmi les chasseurs alpins.
Félix VACHERAT, né le 25 septembre 1887 à Saint-Sauvier, fils de Gilbert et de Françoise Combier, sapeur16 au 4e Régiment du Génie, décédé le 22 juin 1915 à Souchez (Pas de Calais).
En 1914, Souchez, un village de 1 500 habitants, situé entre les collines de Lorette et de Vimy, sera détruit lors des combats (cité à l'ordre de la Nation, il reçoit la Croix de Guerre en 1924). Début 191517, Joffre lance une vaste offensive en Artois destinée à crever le front de l'ennemi : la « bataille de l'Artois » débute le 9 mai 1915 et va durer des semaines. La résistance allemande est forte et Foch arrête l'offensive le 24 juin. Du 9 mai au 24 juin, pour conquérir 20 km2, l'armée française va perdre 102500 hommes (blessés, tués, disparus). Les combats reprennent à l'automne avec l'appui de l'armée anglaise commandée par le général Haig (60 000 morts chez les anglais et les canadiens). Souchez est repris par les Alliés et l'offensive est arrêtée le 12 octobre 1915. Le cimetière militaire de Souchez créé en 1916 par les Britanniques compte 7660 tombes de soldats.
Jean BOUCHAUVEAU, né le 29 juillet 1878 à Saint-Sauvier, fils de Jean et de Françoise Martin, caporal au 23e Bataillon de Chasseurs Alpins, décédé le 29 juillet 1915 à Barrenkopf (Haut-Rhin). Son nom figure sur le monument de Boussac-Bourg.
Fin janvier 1915, l'ennemi progresse dans la vallée et sur les crêtes, prenant le Reichackerkopf. Il bombarde aussi le col de la Schlucht par où arrivent les renforts venant de Gérardmer. Les Français résistent au Barrenkopf. La neige tombe et les frimas de l'hiver accentuent les souffrances des combattants. Les offensives se succèdent. Du 16 au 23 juin, l'Hilsenfirst, Metzeral, Sondernach sont conquis. L'ordre est donné de prendre le sommet du Lingekopf, mais l'ennemi contre-attaque le l' juillet à l'Hilsenfirst. Le 20 juillet, la 7e armée attaque le Linge tandis que la 47e DI échoue contre le Reichackerkopf. Les chasseurs progressent vers le Barrenkopf. Le 26, la crête du Linge est prise et le Schratzmannele oppose une vive résistance. Le 15' B.C.A. prend le Barrenkopf puis le reperd. En août, les chasseurs (les Diables bleus) attaquent encore au Barrenkopf et au Schratzmannele. Dans tout le secteur du Linge, les actions d'infanterie se succèdent sans répit jusqu'au 26 août, jusqu'à ce que les deux adversaires s'accrochent aux sommets dévastés, séparés par le no man's land. Le 31, un violent pilonnage allemand d'obus à gaz s'abat sur le Linge, le Schratzmannele, le Barrenkopf, le Wettstein, long de plusieurs heures. Durant plusieurs jours les combats persistent. Le 9 septembre, des attaques allemandes au gaz et aux lance-flammes se déroulent au Linge et au Vieil-Armand. En janvier 1916, les Allemands prennent l'Hirzstein puis ils se fortifient au Linge, au Vieil-Armand, y réalisent des positions inexpugnables pourvues de blockhaus en béton. Ainsi stabilisé, les combats apaisés, le front ne bouge plus jusqu'à l'Armistice du 11 novembre 1918.
François BERGER, né le 2 novembre 1883 à Saint-Sauvier, fils de Pierre et de Rose Chezeau, sergent au 236e Régiment d'Infanterie, décédé suites à ses blessures de guerre, le 27 septembre 1915 à l'ambulance de SommeSuippe (Marne). Il figure également sur le monument aux morts de Saint-Palais.
Les soins18 existent à peine au début de la guerre, ils se développeront face à l'hécatombe des premières batailles. L'organisation des soins repose sur les ambulances qui sont les postes de secours et les hôpitaux de campagne. Il s'écoulait souvent beaucoup trop de temps entre le moment où le soldat blessé était retrouvé par les infirmiers-brancardiers et celui où le soldat était soigné dans un hôpital à l'arrière.
Somme-Siuppe est le lieu de la bataille de Champagne en 1915 ; sa nécropole a été créée en décembre 1914 pour regrouper les corps inhumés des cimetières militaires de Saint-Rémyde-Bussy, du Bois Sabot, Le Mesnil-les-Hurlus, Souain, Saint-Hilaire-le-Grand, et des corps inhumés sur le champ de bataille19. Elle a été aménagée de 1919 à 1924, elle s'étend sur 20 160 m2 ; 4 950 soldats français, dont 1 368 en 3 ossuaires, tués au cours de la gère guerre mondiale, y sont inhumés.
Henri BIGOURET, né le 18 novembre 1869 à Nouhant (Creuse), fils de Jacques et de Gilberte Revardeaux, soldat au 12e Escadron du Train des Equipages Militaires, décédé le 2 décembre 1915 par accident à la Jonchère (tamponnement).
Le 12e Escadron du Train des Equipages Militaires20(ETEM) est créé en avril 1875 au quartier de Beaublanc à Limoges. Il est chargé des convois administratifs d'Armée, du 12e Corps Colonial et du 12e Corps d'Armée. Ses unités attellent trois détachements d'ambulances, quatre groupes de brancardiers divisionnaires, une boulangerie de campagne et trois quartiers généraux. Viennent s'ajouter une compagnie de tombereaux, une compagnie muletière et un détachement de remonte. Cet escadron comprend 26 unités hippomobiles et 32 unités automobiles, ces dernières plus particulièrement chargées du transport de personnel et de matériel. Ses convois roulent en Belgique, dans les Flandres, en Champagne, dans la Meuse et en Italie.
François GAINE, né le 4 octobre 1895 à Saint -Sauvier, fils de Paul et de Cécile Pizon, canonnier au 37e Régiment d'Artillerie, décédé le 24 décembre 1915 à Saint-Thomas en Argonne (Marne). Il a été inhumé dans l'ossuaire de la Gruerie à Vienne-le-château dans la Marne.
« Le canonnier21 a en charge l'entretien de sa pièce, la mise en batterie de celle-ci, tout ce qui touche à la manutention autours de la pièce, et le service de la pièce ; il le fait sous la surveillance du chef de pièce qui est un sergent. Soldat de 2e classe, il peut être placé comme pourvoyeur, soit pour amener les munitions au brigadier déboucheur, soit directement au chargeur. Il peut également occuper les fonctions de chargeur lorsqu'il passe à la l'" classe, il conserve les mêmes contraintes que le 2e classe et est tenu de faire le service de corvée, les gardes comme le 2e classe ; cependant, lors du service de la pièce, celui-ci est amené à servir la pièce à droite, sous l'appellation de tireur, c'est lui qui ouvre et referme la culasse et qui tire ».
La Nécropole nationale de Saint-Thomas en Argonne22 donne une idée de l'hécatombe en ces lieux. Les monts d'Argonne sont la clé de voûte du front qui s'étend des Flandres aux Vosges et qui se stabilise quand s'installe la guerre des tranchées. Ce front voit l'utilisation des mines placées dans les tranchées adverses et la technique du feu roulant, mur d'obus qui s'abat sur le no man's land et sur les tranchées.
1 Jean Yves LE NAOUR, 1915 L'enlisement, page 38.
Selon Antoine PROST, Si nous vivions en 1913, 2014, 137 pages ; en 1913, la France compte environ 8 millions de paysans soit 35 % de la population active, qui produit 40 % de la richesse nationale.
2 Tous les noms des soldats cités dans cet article figurent sur le monument aux morts de la commune, ainsi que sur les plaques de l'église et de la chapelle de Saint-Rémi.
3 http://www.ancestramil.fr/uploads/01 doc/terre/infanterie/1914-1918/5 ric historique 1914-1918.pdf
4 D'après des documents officiels et souvenirs personnels du Lieutenant BOURDET Officier du 5e Régiment d'Infanterie Coloniale - Renseignements du Régiment, Paris Librairie CHAPELOT, 1920 (principaux combats en Lorraine, 1914) ; la photo ci-jointe de Gabriel Bourin mentionne la date du 27 août, il s'agit peut-être de la date d'inhumation.
5 http://regards.grandeguerre.free.fr/pages/histoire/la mort d'un marsouin à l'ete 1914.html Le médecin aide-major Gautier, du 3e bataillon du 163e Régiment d'Infanterie, a consigné dans son carnet, ses souvenirs de ces quelques terribles journées.
6 Extrait de l'historique du 216e Régiment d'Infanterie, numérisé par Lucius WRAGHT. Journal des Marches et Opérations du 216e Régiment d'Infanterie.
7 Historique du 95e Régiment d'infanterie (Anonyme, Chapelot, sans date) numérisé par Jérôme Charraud http://www.pagesl4-18.com/B PAGES HISTOIRE/HISTORIQUES FRANCAIS/INFANTERIE/R1095 Histo.pdf
8 Le 2e régiment de zouaves est un régiment d'infanterie de l'armée de terre française issue du corps de zouaves qui s'illustra en Afrique du Nord, le 2e fut créé en 1852 et affecté à Oran, il participa également à la campagne de Crimée (source Wikipédia)
9 JM NOVAC, juin 2004 http:fiwww.tracvlemont.orWassociations-tracotinesjacpeatm/pages-histoiretracv-le-mont-au-coeur-de-la-tourmenteseptembre-1914.xhtml
10 http:finoviant.aux.pres.free.fr/histo/cimmil/panneau.htm
11 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6340988g/f12.zoom.r=.1angFR
12 La neutralité de la Belgique a été établie par le traité de 1831 qui reconnait l'indépendance belge et établit la neutralité du pays sous la garantie des puissances européennes.
13 http://brigitte.person.pagesperso-orange.fr/sommaire.htm
14 Première guerre mondiale, le guide, page 180
15 http://chtimiste.com/batailles1418/divers/historiquenhtm
16 Le sapeur est un soldat de 2e classe du génie, il assurait le creusement des tranchées.
17 http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article965 « ...Les cadavres abandonnés s'enlisaient peu à peu dans la glaise, glissaient au fond d'un entonnoir, bientôt ensevelis sous une muraille de terre. On trébuchait pendant un assaut sur un bras à demi déterré, un pied, et, tombant le nez sur le nez d'un cadavre, on jurait entre ses dents -les siennes et celles du mort. C'était une fâcheuse invite, ces crocs-enjambes sournois des trépassés. Mais on en profitait pour arracher autour du cou les plaques d'identité, sauver ces masses anonymes d'un futur sans mémoire, les ramener à l'état civil, comme si le drame du soldat inconnu était moins d'avoir perdu la vie que son nom. » Jean Rouaud « Les champs d'honneur »
18 Mémoires de Lucien Pitolet : http://www.faurillon.com/lucien%20pitolet.htm
19 http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM CA/cimetieres/francais/somme suippe.htm
20 http://armedutrain.word press.com/2012/03/19/mdl-d u-12eme-escadron-du-trai n-des-eq ui pages-mi litaires-li moges-1907/
21 http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/Artillerie/canonnier-grade-suiet 40 1.htm
22 http://jlargonnais.over-blog.com/article-la-chapelle-des-poilus-a-saint-thomas-en-argonne-77684853.html La Chapelle des "Poilus" à Saint-Thomas en Argonne fut construite en 1917 par le 132e RIT de Tarn-et-Garonne (Régiment d'Infanterie Territoriale). Les soldats récupèrent certains éléments sur les ruines des églises proches. C'est l'un d'eux, Joseph Linden qui sculptera le blason et l'autel