Source : Le Grimoire des Pays d’Huriel, Cercle d’Histoire Vivante, 1998. p13-14
Dans le clocher de Saint-Sauvier, suspendues à une très belle charpente, trois cloches - un emplacement est inoccupé -appellent les fidèles à l'office, ou pour célébrer les grandes joies et les deuils, les libérations de notre pays après les déclarations de guerre.
Sur la cloche moyenne (1100 livres), la plus ancienne, on peut lire :
Après la Révolution et l'Empire, la famille Le Groing de la Romagère, branche de la famille mère des Le Groing de Treignat, a la main-mise sur la commune de SaintSauvier. En 1805, Vincent le Groing, comte de la Romagère est élu maire de la commune (émigré pendant la Révolution, il était lieutenant d'artillerie et chevalier de Saint-Louis). Il y restera jusqu'en 1830.
Son frère, Mathias, huitième enfant de la famille, né le 5 décembre 1756, fit de brillantes études aux Oratoriens de Vendôme et au séminaire de Saint-Sulpice. Il refusa la charge de gouverneur des enfants de France, fut pourvu par la suite de celle de prieur à la maison de Sorbonne , et enfin de celle de vicaire général et chanoine théologal au diocèse de Châlons-sur-Marne. Réfugié à la Romagère, il fait l'objet de la fiche suivante : "Homme très turbulent. Bon à rester sans fonction parce qu'il n'approuve pas la prestation "(du serment). On ajoute "de bonnes moeurs, ambitieux et même haï de son parti". Arrêté en 1794 à l'abbaye des Pierres, il fut transféré sur les pontons des "Deux Associés", vaisseau amarré à Rochefort. Son frère, Pierre Joseph, prêtre et vicaire général de Bourges, arrêté en 1793 au château des Ages, transféré sur ces mêmes pontons mourra dans ses bras le 26 juillet 1794. Mathias revint au pays en 1795 pourvu du vicariat général au diocèse de Clermont-Ferrand (il sera élevé à l'épiscopat en la cathédrale de Saint-Brieuc en 1817 et méritera, à sa mort, le titre de "Bon Évêque") et sera puissant non pas seulement à SaintSauvier mais aussi dans toutes les communes environnantes. Il ouvre le premier registre de la fabrique (biens, revenus d'une église) en 1804 et le Conseil de fabrique de la commune s'installa définitivement le 25 juin 1811. Lors de la séance de ce conseil le 27 octobre 1811 on décida de vendre les deux petites cloches et d'en acheter deux plus grosses. C'est le sieur Seurot, fondeur à Clermont qui, chargé d'effectuer ce travail, viendra sur place fondre les cloches : les deux petites de Saint-Sauvier donneront naissance à une cloche pour Nocq. Dans le même temps, il en fondra pour Estivareilles, Saint-Georges et Bourg Lastic et enfin deux cloches pour Saint-Sauvier qui seront mises en place et bénies par Mathias le Groing le 16 octobre 1812. La plus grosse est celle qui reste dans le clocher.
La plus petite des deux (750 livres) a pour parrain Antoine Deménitroux, ancien prêtre, trésorier de la fabrique, qui remplit en son bourg natal l'office de notaire. Qu'est devenue cette cloche ? Mystère. Toujours est-il qu'elle n'est plus dans le clocher.
Les deux autres cloches sont de facture plus récente : toutes deux sont de 1873, proviennent de la même fonderie et ont été bénies par le même prêtre.
La plus grosse porte cette inscription sur deux lignes :
et la petite porte celle-ci, également en deux lignes :